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    Réalisation : Olivier Dahan
    Casting : Renée Zellweger, Forest Whitaker, Madeline Zima, Elias Koteas, Nick Nolte ...

    Résumé:
    Jane, une ex-chanteuse devenue handicapée à la suite d'un accident, reçoit des nouvelles de son fils. En effet, Devon reprend contact avec sa mère car il souhaite l'inviter à sa communion.
    Malgré les craintes de Jane de retrouver son fils après des années et de faire face à son passé, son ami Joey arrive à la convaincre d'entreprendre ce périple à travers les Etats-Unis.
    C'est au cours de ce voyage et des rencontres qu'ils feront sur la route que Jane composera sa plus belle chanson d'amour.

     

     

    C'est avec un peu d'hésitation que j'ai regardé ce film hier, ma réticense venait -je l'avoue- de la présence de Renée Zellweger à l'écran. Non pas que je trouve qu'elle joue mal, au contraire, mais c'est bizarrement une actrice avec laquelle je n'accroche pas tellement. Généralement j'ai du mal à être émue par son jeu, or dans un film comme celui-ci, basé principalement sur les émotions des protagonistes, cela pouvait être préjudiciable.
    Mais bon, j'ai tenté l'aventure dans ce road-trip incongru sur fond de musique signée Bob Dylan... Et je n'ai pas été déçue.
    Quand bien même je n'ai pas été touchée profondément, j'ai quand même passé un très agréable moment en la compagnie de cette histoire servie par des acteurs de talent.

    On ne le dira jamais assez : Forest Whitaker est génial. Peut-être trop d'ailleurs face à Renée Zellweger qui peine à se faire sa place à côté de lui. Les moments où elle est seule passent très bien, son jeu est juste et sa gestuelle bien maîtrisée (jouer quelqu'un qui a perdu l'usage de ses jambes ne doit pas être évident), mais lorsque Whitaker est dans le cadre, c'est une autre histoire !
    En plus le personnage interprété par Whitaker est beaucoup plus expansif, beaucoup plus ouvert et "mouvant" que celui de Zellweger, ce qui renforce quelque part son côté "effacé".
    (Ceci étant, Renée Zellweger a aussi ses moments de "gloire", entre autres les scènes où elle chante et où, via son visage, passent énormément d'émotions, à commencer par ce qu'elle tout ce qu'elle déteste en elle-même. On dirait qu'elle crache ses mots comme autant de poison qui la rongerait de l'intérieur.Certains disent qu'elle en fait des tonnes, ce n'est pas faux, mais finalement ça sert quand même le propos.)
    Malgré tout c'est aussi ce déséquilibre entre les deux protagonistes qui crée la spontanéité de leur relation et sa justesse surtout. Deux opposés qui finalement se complètent très bien et servent à merveille le propos du film sur l'importance de partager les belles choses.

    Le film ensuite de par sa forme est assez classique : un road-trip improvisé sous un faux prétexte (car les évènements ne se passent pas exactement comme le dit le résumé..), des rencontres, des ennuis, des moments de joie, des déceptions, le tout servant aux personnages pour se reconstruire. Au contact d'autres écorchés de la vie, Jane et Joey réapprennent à vivre, à partager.

    Il y a des plans vraiment somptueux, et d'autres où de l'animation vient s'ajouter ce qui apporte pas mal de fraîcheur. 
    De même les dialogues sont bien écrits, la voix off de Renée Zellweger sonne comme une chanson parlée, apportant une certaine poésie à l'ensemble.
    Mine de rien l'une des forces de ce film est qu'il ne tombe jamais dans le mélo, au contraire même, il y a comme une petite brise sous-jacente, quelque chose de pétillant qui ravive les couleurs et semble dédramatiser les situations. J'y ai vu une belle métaphore pour le recul qu'il nous faut prendre parfois sur nos vie, histoire de se sortir de nos nombrils et se rendre compte qu'il y a d'autres moyens de, comme dirait Jane, recommencer à marcher.

     


     


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    Auteur : Neil Gaiman

    Résumé :
    Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s'il n'avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d'une sorcière brûlée vive autrefois. Mais quelqu'un va attirer Nobody au-delà de l'enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l'éliminer depuis qu'il est bébé.


    Neil Gaiman est pour moi une valeur sûre, parce qu'il a écrit Neverwhere, parce que lorsqu'il s'associe à Terry Pratchett pour De bon présage, l'apocalypse n'a qu'à bien se tenir , et enfin parce que c'est grâce à lui aussi que Coraline a vu le jour.
    Alors voilà, enfin, j'ai pu lire son dernier roman : L'étrange vie de Nobody Owens.

    J'aime le style de cet auteur qui parvient sans la moindre difficulté (en tout cas pour moi) à nous entraîner dans son monde. Dans le cas présent, le monde présenté est celui des morts. Ou plutôt de l'entre-deux, puisque les personnages sont des fantômes demeurant dans un vieux cimetière.
    Gaiman nous présente ici un monde des morts sympathique -qui ne sera pas sans rappeler un certain film d'un certain Tim Burton : Les Noces Funèbres (notamment une scène d'ailleurs, celle de la danse macabre, où vivants et morts se rejoignent et dansent ensemble durant une nuit entière)- , où les personnages se sont approprié leur lieux de repos et y "vivent" à leur manière, avec chacun leur caractère et leurs lubies.
    ... Ce qui donne parfois de petits accrocs bien amusants !
    Les personnages morts ont tous un peu le charme poli des vieilles photos couleur sépia, et afin que l'on en apprenne rapidement plus sur eux, chaque fois que l'un d'eux est évoqué, l'auteur a mis -entre parenthèses- leur nom, les dates de naissance et de décès ainsi que l'épitaphe.
    C'est une bonne idée, d'abord parce que bien souvent c'est une petite touche d'humour, et ensuite parce que cela donne une idée générale du personnage sans avoir à raconter toute sa vie. Un peu comme un résumé d'une ligne. Ça fait partie du charme général qui se dégage de l'univers.
    (Il est important de noter que le livre ne tombe jamais dans le glauque ni le morbide, tout est traité avec beaucoup de délicatesse, et une certaine retenue qui ajoute à ce charme désuet de photos sépia dont je parlais plus haut. )

    Le petit personnage de Nobody est lui aussi très charismatique, on s'attache vite à ce petit garçon affublé d'un linceul qui déambule dans le cimetière et fait de son mieux pour apprendre à disparaître comme ses précepteurs le lui enseignent. .. Mais les talents des morts ne sont pas forcément ceux des vivants  !
    En toile de fond, il y a aussi son assassin, qui sans relâche le traque .. Et également son tuteur Silas, un fantôme pas exactement comme les autres, qui le protège du mieux qu'il peut et semble cacher un grand secret.


    Classé dans le rayon "jeunesse" des librairies, ce conte s'adresse peut-être effectivement en priorité aux plus jeunes, mais tout comme Coraline qui possédait son côté très adulte, L'étrange histoire de Nobody Owens propose une seconde lecture qui plaira aussi aux plus âgés. Ce qui fut mon cas.
    En dehors de l'univers d'outre-tombe qui m'a beaucoup plu, il y a aussi la narration de l'histoire : chaque chapitre peut presque se lire indépendamment des autres, dans le sens où il raconte une aventure spécifique du petit Owens. Pour autant, le récit n'est pas plus décousu que l'impeccable costume du respectable Monsieur Owens (père adoptif et décédé du petit héros), car en effet, chaque aventure, chaque chapitre, apprend quelque chose d'important au jeune Nobody.
    Les différentes expériences qui jalonnent sa vie au cimetière servent toutes pour le dénouement.

    Au fil du livre donc, les aventures se suivent sans se ressembler et sont au premier abord sans lien entre elles, mais petit à petit les pièces se mettent en place, et finalement chaque détail que l'on a pu découvrir de la vie au cimetière va servir à Nobody à la fin. La seconde lecture se trouve là, ce ne sont pas seulement les aventures fantastiques d'un petit garçon élevé par des fantômes, mais bien l'histoire d'une vie, et précisément le passage de l'enfance à l'âge adulte. Cette "frontière" est d'ailleurs physiquement représentée dans le livre par les murs mêmes du cimetière. Au-delà desquels, dit-on à Nobody, il sera en danger dans un monde hostile et inconnu.
    Il y a dans ce livre quelque chose d'initiatique, ou bien simplement cette question de maturité, qui fait que l'on se décide à faire les choses lorsque nous sommes prêts.

    Au-delà de ce parcours de vie où les expériences vécues servent de leçon pour progresser et s'enrichir, on peut aussi découvrir une autre manière d'appréhender la mort. Non pas de manière comique comme c'est très souvent le cas quand on veut prendre cela à contre-pieds, mais plutôt de façon plaisante, tranquille.. Presque zen.



    L'étrange vie de Nobody Owens est un conte plein de fraîcheur, de poésie et de tendresse qui nous transporte dans un autre monde.. Et nous le quittons en même temps que le jeune Nobody, sans un regard en arrière, le cœur léger et ouvert au monde.

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